Le souvenir d'une amitié - 1
« Voilà un endroit bien étrange pour pique-niquer », observa Galférion avec un frisson.
Le paysage alentour avait été dévasté par un feu de forêt. Un pyromane avait été arrêté quelques jours plus tôt par la police. Son geste, il l’avait expliqué ainsi : « Je voulais juste m’amuser un peu, c’était un jeu. » Cet endroit était magnifique avant le passage de la tornade de feu qui avait englouti tout le flanc de la montagne du Paradis. Les arbres carbonisés et tordus dressaient leurs moignons de branches mortes vers des nuées éclatantes.
« Cet endroit, déclara Dênmorane Malter en posant son sac, est au contraire un lieu parfait pour satisfaire notre appétit. Il est situé entre deux mondes, la mort et la vie, si bien qu’il possède un charme artistique indéniable. Des peintres se seraient arraché les yeux face à une telle merveille morbide. »
« On va vraiment manger ici, Dênmorane ? La prochaine fois, amène quelqu’un d’autre, une femme par exemple, histoire qu’on ne déprime pas tout seul. »
Un élastique craqua entre les doigts de Dênmorane Malter qui le glissa nonchalamment dans sa poche et en saisit un autre dans son sac.
«Ai-je l’air de quelqu’un qui a un quelconque lien avec la gent féminine ? rétorqua-t-il avec amusement. Je te l’ai déjà dit, je me suis brûlé avec la seule femme que j’aie jamais aimée. Même si parfois, j’ai vraiment l’impression d’être en compagnie d’une petite sœur très chiante ! »
« Je ne puis que m’incliner devant un ami qui a la peau blanche d’une princesse de conte de fées, enchaîna Galférion avec une inclinaison ironique.,
« As-tu déjà vu un tel carnage végétal ? La mort est si uniforme ; tout a brûlé. » Souffla Dênmorane Malter avec tristesse.
« Et, arrête de sombrer dans la fatalité. Regarde un peu mieux ; par là-bas, l’herbe repousse déjà.» déclara tranquillement Galférion .