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Onirisme et Destruction 15

Maléa bondit sur la passerelle qui surplombait la grande salle à l'atmosphère étouffante. Elle respira longuement, profitant des remous d’air provoqués par sa brusque irruption du couloir tortueux.

Galférion ne s’était pas trompé. Il avait senti la fumée, bien avant leur arrivée. Au moins, il était utile de temps en temps.

— Comment as-tu pu te libérer ? s’écria Shayne, qui venait de perdre son calme.

— Oh, mais on dirait que notre hôte a des problèmes domestiques fort regrettables, observa Inis avec amusement. Bête Blanche, tu as ma permission pour la dévorer.

Maléa hurla quand l’abomination avança dans sa direction. La passerelle brûlante gémissait sous son poids. Ses appendices hideux s’abattirent avec violence, dans le but évident de la découper en morceaux. Ses bras croisés en signe d’auto défense ployèrent sous la férocité de l’attaque. Durant un laps de temps incertain, des grognements jaillirent de la gorge de la Bête Blanche. Les membres de Maléa avaient pris la même teinte que les siens.

Celle-ci écarquilla les yeux de terreur et de surprise. Elle pleurait. La mutante ne voyait plus que le faciès tortueux de la créature. Maléa recula peu à peu face à la puissance de la bête; le métal sous ses pieds se contorsionna, comme pris de spasmes. Si elle ne s’éloignait pas, il éclaterait, et tous les deux tomberaient en contrebas, au milieu des hommes en blouse blanche indifférents et des machines.

Trop effrayée  pour bouger, elle ne savait pas si elle pourrait contrer à nouveau la créature si cette dernière réitérait son mouvement mortel. Les griffes de la Bête Blanche se rapprochaient inexorablement de son visage, comme pour la goûter. De la sueur ruisselait sur son front.

Derrière elle, Galférion poussa un cri fluet en touchant la barrière de métal atrocement chaude. Maléa l’avait mené à un train impossible depuis leur rencontre aussi soudaine qu’implacable. Et déjà, de nouveaux soucis se profilaient à l’horizon. L’un de ses cauchemars lui rappelait bien trop la figure atroce de cet insecte géant pseudo reptilien. Il resta un instant paralysé.

« Maintenant, tu es fait comme un rat ! » Tels avaient été les mots prononcés dans son rêve. Il lui suffit de jeter un coup d’œil en contrebas pour en saisir toute l’ampleur. Des sphères bleues avaient été disséminées à travers la salle. La femme aux oreilles de chat n'avait pas perdu de temps.

— Galférion, aide-moi ! hurla Maléa qui venait de poser un genou sur la passerelle.

Le métal craqua bruyamment, et un déluge de vices gicla en contrebas.

— Que veux-tu que je fasse ! s’exclama-t-il, en sautillant de douleur.

— Je ne sais pas, abruti. Trouve une idée. Je ne veux pas mourir !

— Elle a raison, petit mâle, rejoins-nous que je sache lequel a le meilleur goût !

Galférion ne se sentait pas toujours impuissant, loin de là, mais rien ne l’avait préparé à affronter Galrane. Pourquoi était-il venu ?

Alors il rejeta son manteau qui l‘étouffait sur ses talons, et plongea juste à temps pour tirer Maléa en arrière. La passerelle se rompit avec un bruit suraigu. Le monstre percuta violemment une machine en contrebas. Il se redressa en poussant un rugissement caverneux, puis entreprit de massacrer les humains hypnotisés. Ces derniers se rassemblèrent pour lui faciliter le travail, à moins que ce ne fût pour offrir une chance à leur maître d’échapper à ses membres acérés. Shayne quitta les lieux sur des mots vengeurs.

— Est-ce que ça va ? demanda Galférion.

— Non, ça ne va pas du tout, jura-t-elle entre ses dents.

Encore sous le choc, elle s’affaissa contre lui. Inis s’approcha, apparemment fasciné.

— Remarquable !

La Spirale de Feu, elle aussi, Galférion l’avait entrevue dans son cauchemar. Le jeune homme frissonna. La panique était contagieuse, même quand elle venait tout juste de s’éteindre. Si Maléa ne s’était pas accrochée à lui avec autant de ferveur, il se serait enfui.

— Galférion, c’est toi ? Tu es là aussi !

Transpirant, Balel apparut derrière Inis, de l‘autre côté de l'abîme qui les séparait. Sa batte au bout d’acier rasait la passerelle en créant des sons stridents.

— Éloigne-toi de lui avant qu’il ne te tue ! hurla-t-il en réponse, pétrifié de peur.

— Voyons, je ne vais pas massacrer un représentant de ta race aussi courageux. Il est amusant, et puis je ne voudrais pas épouvanter une aussi belle demoiselle, ajouta-t-il sur un ton sardonique.

Comment le connaissait-il ? Le jeune homme ne l’avait jamais vu de sa vie. Son cœur parut faire un bond dans sa poitrine lorsqu’il reconnut Anna, qui venait de surgir près de Balel.

— Galférion, c’est toi. Que fais-tu ici ?

Si la situation avait été plus paisible, elle aurait pu être amusante. Sa vue brisa l'enclave obscure de son angoisse.

— Balel ! Tu ne trouveras pas la femme aux oreilles de chat ici ! Elle est déjà passée !

— Qu’est-ce que tu racontes ? Je suis venu la capturer et restaurer mon honneur. En plus, je vais devenir riche !

— Cet endroit va être détruit, Balel. Elle a tout prévu. Regarde bien en bas. Te souviens-tu de la fois où elle a fait exploser la barrière avec des petites sphères ?

— Comment aurais-je pu oublier ? s’exclama l’autre d’une voix blanche.

— Cette salle débord de bombes, il y en a partout !

— De quoi parlez-vous ? lancèrent Anna et Maléa d’une même voix.

Plus bas, Galrane continuait de créer des ravages parmi les humains et d'arroser son corps de sang à chacun de ses pas. Inis gloussa, autant amusé par les élucubrations du jeune humain, que par les gesticulations sauvages de son compagnon. Il leur trouvait un charme sinistre indéfinissable qui remplissait son âme vide d'allégresse.

— Dommage. J’aurais tant désiré voir le Metôn-Byr et me l’approprier. Le destin est décidément capricieux. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Vous devriez partir très vite. Galférion, fais-moi plaisir, ne meurs pas avant que j’en aie décidé autrement. Je serais très déçu si tu ne quittais pas ces lieux vivants. Galrane, nous partons !

La Bête Blanche escalada des machines. Puis tous les deux disparurent. Émie et Falane s’était déjà enfui quand l’insecte reptilien avait commencé son carnage, sans doute pour sauver leurs peaux.

— Nous aurons une conversation sérieuse, après tout ça, promit Anna.

— Je pense bien…

Balel se précipita à la suite des autres, puis Anna tourna les talons et lui emboîta le pas.

— Ne meurs pas ! s’écria-t-elle avant de s’engager à travers la paroi.

— C’est ta petite amie, voulut savoir avidement Maléa.

Galférion ramassa le manteau de son père, et répondit avec franchise :

— Je ne sais pas. Mais il faut partir, et vite. 

 

Maléa Ternelame et Galférion avaient bien failli être écrasés quand une explosion assourdissante avait ébranlé le sol sous leurs pieds et précipité les murs d’un couloir l’un contre l’autre.

Plongés dans le noir, les deux jeunes gens avaient continué tout droit jusqu’à rejoindre la pièce où ils s’étaient rencontrés. Là, Galférion avait eu l’idée géniale de s’emparer de la sphère verte pour disperser les ténèbres compactes. Ensuite, en se fiant à l’odeur de plastique brûlé, le jeune homme n’avait eu aucun mal à revenir sur ses pas. UV s'était volatilisé quand ils avaient contourné la cuve en compagnie de Maléa, qui s’accrochait à son bras avec une force démesurée. Il ne fut pas surpris de découvrir que le tube de la salle suivante avait lui aussi disparu, n’abandonnant que câbles déchirés et petits éclairs électriques crépitant derrière lui.

Ensuite, ce fut plus facile et tous les deux parvinrent indemnes, quoique sales et las au sommet de l’escalier. Dehors, il faisait toujours nuit et l’air glacial les rafraîchit, autant qu’il les pétrifia. La sphère verte entre les mains du jeune homme projetait sa pâle lueur aux alentours. Un muret et quelques marches se matérialisèrent dans son halo tremblotant.

— Nous sommes vivants, dit-il inutilement.

Soulagée, Maléa tomba à genoux sur le béton parsemé de lichens. Galférion tenta d’apercevoir quelque chose à travers la brume effilochée qui voletait au-dessus de la large rivière. Sa vue se heurta à une tornade infranchissable de fumée plus sombre encore que la nuit, noyée de pourpre. Avec espoir, il scruta plus précisément le panorama qui s’offrait à lui. Le pont attira rapidement son attention. Il crut voir des silhouettes le parcourir à toute vitesse, à moins que ces ombres mouvantes ne fussent créées par les flammes informes et instables qui dévoraient avidement la structure.

Un pincement lui serra le cœur. Il ne saurait pas si Anna et Balel avaient survécu avant l’aube. Malgré les effrayantes dernières heures qu’il avait vécues, Galférion prit une décision. Dès qu’il le pourrait, il irait trouver Zero. S’il restait plus longtemps dans l’ignorance. Des aventures dangereuses l’attendaient, tapies dans l’obscurité telle une multitude de fauves affamés ayant flairé l’odeur du sang.

Sa vie ne tenait plus qu’à un fil de fer. Il espérait que Zero l’aiderait à pallier son manque crucial d’informations.

— Il fait froid.

Maléa se plaqua contre lui.

— Pas étonnant, tu es en robe. D’ailleurs, elle est étrange, tu ne trouves pas ? En plus de briller, elle n’est même pas tachée.

— Ce doit être dans les goûts vestimentaires de cette espèce de fumier, rétorqua-t-elle avec fureur.

Elle s’adoucit lorsqu’elle ajouta :

— Merci de m’avoir sauvée. À la fois de la drogue et de cette… bestiole hargneuse.

— Tu t'es presque sauvée toute seule; maintenant que faisons-nous ? marmonna-t-il en ayant l’air de rien.

Tous les deux savaient pertinemment qu’ils venaient de s’engager dans une ruelle à sens unique, où se tenaient en embuscade de sombres individus et autres monstruosités.

— Tu n’es pas obligé de rentrer chez toi. Je n’habite pas loin d’ici, et je n’ai pas de parents à demeure, affirma Maléa avec un début de sourire à la fois malicieux et las.

Galférion rougit.

— Tu imagines les sous-entendus ?

— Oui, mais tu n’auras pas besoin de mentir, et en plus, chuchota-t-elle à son oreille, tu pourras prendre une douche et laver ton manteau. Voilà, alors on y va.

— Qu'est-ce que je fais de cette sphère ?

— Ce que tu veux. Je serais toi, je la jetterais.

— Heureusement, tu n’es pas moi, rétorqua-t-il en lui adressant un pâle sourire, on est encore loin des lumières de la ville. Elle nous sera utile jusque là.

— Une dernière chose, si je t’invite, c’est parce que tu me fais pitié. Et si je me colle contre toi, c’est parce que j’ai froid. D’accord ? ajouta-t-elle, tout à coup très sérieuse.

— De toute manière, tu n’es pas mon genre, rétorqua Galférion avec un petit rire.

— Et en plus, tu cultives la brutalité, surveille un peu tes mots... Bon on y va ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Songelame - science-fantasy
G.N.Paradis - inconnu

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Résumé du Livre

Lorsque Galférion Bell reçoit un étrange mail qui ne lui est pas destiné et met la main sur une mystérieuse sphère, sa vie bascule. D'anodine, elle devient peu à peu extraordinaire, ce qui n'est pas sans danger.

D'étonnants êtres venus d'ailleurs semblent avoir fait de sa planète une terrain de jeu et d'expérimentations. Réussira-t-il à démêler le vrai, du faux, la vérité du mensonge, sans sombrer dans la folie ?

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