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Chapitre 7

« La vie des hommes n’est qu’un jouet entre les mains des Eokans. »

Le Chef de la Résistance, peu avant sa mort.

Trois jours plus tard

Dans la salle aux pierres bleues, les armes s’entrechoquaient avec fracas et fureur. Trois silhouettes évoluaient entre les colonnes, se heurtaient et se dégageaient d’une torsion de bassin. Inoëm évita la pointe acérée d’un sabre en se fendant. Son bouclier en losange contra l’homme qui l’attaquait par-derrière avec une hache à double lame. Des étincelles crépitèrent ; le jeune homme se dégagea de la ligne d'attaque.

Ses deux partenaires entreprirent de le prendre en tenaille. Inoëm resserra la main sur sa lance à double pointe et la fit tournoyer entre ses doigts désormais guéris.

Depuis qu’il avait commencé son entraînement, il avait brisé trois haches, ébréché dix épées et fait voler en éclat une masse d’arme. Inoëm songeait souvent qu’un ours aurait eu plus de délicatesse que lui. Son manque d’habileté l’empêchait de se servir correctement de sa force. De ce fait, il avait décidé de combattre avec une lance épaisse et en plomb. Au moins, il la sentait peser entre ses mains et n’oubliait pas qu’elle pouvait ôter la vie d’un autre. Il ne regrettait plus qu’une seule chose depuis la mort de Ted : ne pas avoir obtenu plus d'indices sur la localisation de Syline.

Dardannel s'approcha en brandissant son sabre. Le deuxième homme était Aegor. Tous deux étaient des combattants hors pair, mais il fatiguait alors qu’Inoëm était encore en pleine forme.

Le sabre fendit l’air vers sa tête. La lance tournoya et ébrécha la lame avant de venir frapper Dardannel à hauteur de l’épaule. Repoussé en arrière, l'épéiste percuta une colonne.

Inoëm se retourna d’un bond sur l’homme à la hache. Il planta sa lance entre deux pierres, s’éleva et percuta son ennemi les deux pieds en avant. Il avait pris soin de viser les épaules pour faire le moins de mal possible à l’homme coriace.

La hache fut arrachée des mains de Aegor et ce dernier voltigea en arrière. Inoëm retomba en même tant que lui. Il imprima une vive secousse à sa lance pour la retirer du sol, puis il se tourna vers Alden en le dévisageant avec fureur.

« J’espère que vous êtes heureux ! C’est-ce que vous vouliez, non ? Je vous avais dit qu’il ne fallait pas les laisser se battre contre moi ! »

Inoëm ne contrôlait toujours pas sa force, et il ne souhaitait pas tuer quelqu’un qu’il appréciait par mégarde. Il n’aimait pas l’individu qu’il était en train de devenir ; Slaven et Ted, ses deux victimes, ne pesaient quasiment plus sur sa conscience, telles les silhouettes d’un cauchemar. Ça le rendait furieux de ne rien éprouver ; ne devrait-il pas se sentir coupable, triste, abattu ? Le visage de Alden resta indéchiffrable face à sa colère.

— Si tu ne veux pas mourir, tu dois t’entraîner, Inoëm Valmort, déclara-t-il très calmement.

À sa droite, Dardannel grogna de douleur.

— Ce jeune homme est un démon. Il se bat depuis trois heures et ne montre aucun signe de faiblesse… 

— Ce qui sera le cas de ceux qu’il affrontera. Sauf qu’eux auront l’expérience là où il n’aura que la force brute. Contre Edell, il ne tiendrait pas trois secondes, tel un chiot face un molosse, rétorqua Alden sur un ton grave.

Les lèvres d’Inoëm se plissèrent dédaigneusement. Il fit négligemment volter sa lance sans quitter des yeux le Clerc.

— Lui ou un autre. Je leur ferais tous mordre la poussière, un par un, s’il le faut. Je ne tolérerais jamais ceux qui ont participé au massacre de mes parents et de milliers d’autres individus.

— Edell n’en est qu’un parmi tant d’autres. Certes, il commande la Horde noire, mais celle-ci est composée d’environ cinq mille hommes. Inoëm Valmort, penses-tu donc avoir assez de force pour les abattre tous ? 

Le jeune homme en resta sans voix, conscient de s’être emporté. Ce qu’on racontait sur la Horde noire ne pouvait qu’être vrai. Tous avaient une force égale à la sienne ou supérieure. Cependant, ces guerriers formaient la garde principale de l’empire, sous les ordres directs de l’Empereur. Tôt ou tard, il serait obligé de les tuer.

— Oui. Je n’aurais pas d’autre choix… Mais je ne suis pas encore prêt. 

Sa réponse suscita le trouble chez les deux hommes qu’il venait d’affronter et de battre. Il n’y prêta aucune attention. Depuis le jour où ses parents étaient morts, il savait que tôt ou tard il se vengerait. Un choix ne se réfutait pas, pas plus qu’un serment.

— Hélas, nous n’aurons pas le temps de te préparer suffisamment. 

La voix de Alden était sans appel, intransigeante et froide de vérité.

— Dardannel, Aegor, vous pouvez disposer. 

Ces derniers saluèrent le Clerc avant de tourner les talons d’un même élan. En passant à côté d’Inoëm, Dardannel caressa la garde simple de son sabre.

— Vous me devrez une revanche, Valmort.

Il disparut avec un sourire distrait. Inoëm observa son dos en sueur avec étonnement.

— Suis-moi.

Le Clerc aux cheveux bruns clairsemés de gris s’éloigna d’un pas calme et déterminé. Inoëm abandonna sa lance et le rattrapa. Cet homme l’inquiétait toujours autant. Il ne connaissait rien de ses motivations, pourtant il devait être digne de confiance puisque Dame Marilyn n’avait pas remis en doute son jugement. Plus important encore, la Résistance était toujours active au cœur des ombres et menait un combat sans fin contre l’empereur. Inoëm s’était fait une promesse et jamais il ne renoncerait par respect pour ceux qui luttaient dans l'ombre et le sacrifice de ses parents.

Le jeune homme tâta l’intérieur de sa tunique pour vérifier que la dague était toujours là. Il ne s’en séparait plus pour une raison simple : ce n’était ni un jouet ni une arme normale, qu’on pouvait abandonner sous un lit.

Alden s’arrêta devant la tapisserie divine. Il leva la tête. Inoëm resta trois pas en arrière pour contempler l’œuvre d’art. Une table ovale et immaculée jaillit d'une brume divine. Des anges l'entouraient et tendaient tous les quatre leurs mains, paumes tournées vers les cieux, présentant autant d’objets que leur nombre. Leurs ailes déployées illuminaient les coins de la tapisserie.

— Selon les légendes, ces quatre Anges ont fondé notre civilisation. Ils se sont réunis à Andalénia lors du printemps d’un lointain passé. Une femme reçut leurs dons ; ce fut la première impératrice d’Elonéa, que l’on nomme encore Virilume, la Lumière des Âmes.

L’un d’eux lui a dit : « Ceci fut notre vie, bois son breuvage pour suspendre le temps. » Puis il lui a offert la coupe.

Le second a dit : « Ceci fut notre mort, détruis le mal qui ronge ton cœur. » Puis il a tendu le poignard.

Le Troisième a dit : « Ceci fut notre envoyée, décoche-la pour accélérer le temps. » Puis il lui a donné la flèche.

Le Quatrième a dit : « Ceci fut notre amour, implore ton âme sœur d’y mettre fin. » Puis il déposa la couronne sur sa tête. Les quatre anges disparurent sur un avertissement :

« Un jour, les impies se propageront sur la surface du globe, alors les Eokans se lèveront face à cette menace. La guerre ravagera l’Empire, les frères et les damnés s'entretueront. Un Imposteur profitera de la tempête pour prendre le pouvoir et asseoir sa domination sur le Temple Brisé. Mais lorsque les Quatre seront réunis, puis séparés et à nouveau réunis, le Fils du Ciel triomphera des ténèbres. »

— Je connais déjà les premiers mots du livre des Médidations Divines. Pourquoi me les récitez-vous ?

Bien qu’il n’ait pas été assez crédule pour croire en ces inepties, Inoëm était intrigué. Alden baissa légèrement la tête dans sa direction. Pour un Clerc, il était plutôt jeune, la trentaine à peine, et grand. Il dépassait Inoëm d’au moins deux têtes et quand il vous observait, son regard restait dur et pénétrant telle une barre de métal. Il ne laissait rien voir de son Cœur, rien, sinon un point noir qui dévorait une partie de ses yeux clairs.

— Parce que tu es en phase de devenir un Eokan. Tu as accompli la première cérémonie qui consistait à abattre un de tes ennemis en combat singulier. La Dague t’a ensuite reconnue et tu as reçu le don de la Force. Ton endurance a aussi été augmentée, mais tu es encore mortel.

Alden s’éloigna de quelques pas avec un rictus des plus singuliers aussi bref qu’un flocon au Soleil nostalgique.

— Si tu souhaites rivaliser avec l’empereur, il te faudra t’accaparer la flèche, la coupe et la couronne, accomplir toutes les cérémonies angéliques et ainsi, devenir un véritable Eokan. En seras-tu capable, Inoëm Valmort ? Auras-tu le courage et la détermination pour aller jusqu’au bout ?

— Oui.

Une réponse brève, et simple. Alden soupira.

Les protecteurs d'Andalénia : Valmort (prélude à la suite) - fantasy
G.N.Paradis - inconnu

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Résumé du Livre

La suite des aventures de Tristan Vivlar et de ses alliés au sein du monde d'Andalénia...

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