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Enal Gize 1

 De quel droit as-tu dérobé les plans de mon invention géniale, femme ! » s’écria Enal, en se réveillant en sursaut.

 

Il caressa sa masse de cheveux noirs d’un air défait. Ce cauchemar revenait inlassablement ; à chaque fois, il surprenait sa collègue fouiller dans ses affaires avec une outrecuidance qui dépassait sa condition féminine. Il essayait de l’arrêter, mais elle réussissait toujours à se glisser par la fenêtre entrouverte avec son corps fin et agile. Il se retrouvait alors emprisonné dans son laboratoire et hurlait de rage.

 

Dieu, qu’il détestait les femmes !

 

Sa petite chambre climatisée se remplissait de lumière par une lucarne de verre ultra fin. En l’assemblant avec de l’éthérium en quantité microbienne, il était parvenu à créer une fenêtre incassable. Il avait éparpillé ces divers panneaux énergétiques à travers sa modeste demeure, si bien qu’il n’était désormais plus assujetti à la CNG, Central Nuclear Group.

 

De nouveau, il était un homme libre !

 

Ses longs pieds livides dépassaient d’un coin de sa couverture. Il les détailla d’un œil acéré, il allait bientôt devoir se couper les ongles. Il ne prendrait pas le risque de déchirer sa combinaison lorsqu’il entrerait dans les pièces sécurisées du laboratoire. Il y officiait en tant que chercheur en chef sur le développement des énergies nouvelles.

Avec la raideur d’un piquet délogé de terre, il posa le pied droit sur les carreaux froids, puis l’autre, croisant son visage blafard dans un miroir opalescent. Un homme d’une trentaine d’année rasé de près, aux yeux globuleux, fous et noirs, lui rendit son expression indéchiffrable. Des cheveux en bataille, d’un brun éclatant, complétait son allure étrange.

A vrai dire, Enal était l’autorité et la gravité incarnées, un individu qui ignorait tout, à l’exception de ses expériences et de ses créations. On avait de la peine à le croire lorsqu’on ne rencontrait pour la première fois ; surtout qu’il avait un air plutôt foldingue. L’humour n’existait pas dans son vocabulaire ; s’il disait : « Tuons les ! », ce qu’il fera tôt ou tard, il le penserait vraiment.

Voilà pourquoi il était l’un des meilleurs inventeurs et scientifiques du Système. Quelques personnes l’égalaient, cependant aucune ne possédait un esprit aussi performant que le sien. Enfin, personne de sa connaissance. En réalité, même s’il se targuait d’une certaine supériorité, il savait en son fort intérieur qu’il n’en était rien.

Quelqu’un serait toujours supérieur à un autre dans différents domaines. Aucun homme ne possédait ne serait-ce qu’un pourcent de tous les talents qui existaient en ce monde. Enal connaissait l’étendue de son orgueil et de sa modestie ; en tant que tel, il incarnait un paradoxe caractériel des plus saisissants. D’une certaine manière, une forme d’humour naissait de cet étrange duo, proche de ce qu’on nommerait l’auto dérision.

Enal aurait préféré cracher sur une expérience plutôt que de l’admettre, même s’il en était parfaitement conscient : il prenait tout au sérieux, sauf sa petite personne. Un fait remarquable qu’il s’efforçait de dissimuler au monde grâce à des expressions évoquant des pluies de grêlons et des icebergs. Se découvrir des traits humains le rendait fou furieux. Puisque dans le groupe humanité, les crétins légionnaires se tapaient dans le dos pour équilibrer leurs âneries, et qu’il ne pouvait décemment pas être comme eux.

« Il est l’heure de vous lever, Monsieur Gize. » scanda le réveil plat sur sa table de nuit immaculée.

Enal ne claqua même pas des doigts ; il jeta juste un coup d’œil abyssal à la machine et elle s’arrêta aussitôt de répéter cette phrase détestable.

Dieu, qu’il haïssait la technologie débile qu’on mettait entre les mains du commun des mortels ! Sa collègue surexcitée en possédait des dizaines ressemblant à cet écran plat de malheur. Elle les lui montrait tous les matins avec un sourire simiesque des plus ahurissants.

Comment une seule personne pouvait-elle être aussi sotte et futile en même temps ? Non contente d’être une femme, il avait fallu qu’elle soit une fétichiste de la technologie de gare. Elle avait déjà essayé de l’inviter pour lui dévoiler sa répugnante collection. Si elle n’avait pas arrêté de l’asticoter tous les jours pour qu’il lui rende visite, il aurait certainement jeté de la poudre explosive dans son petit déjeuner.

Au moins, ses cheveux auraient pris feu ; elle serait devenu un homme, en quelques sortes, et il aurait pu accuser l’allume cigare intégré dans l’index de la jeune femme. Mais agir de cette manière n’aurait pas été logique ; même si cette femme, Catherine, l’irritait jusque dans ses rêves. Il faudrait que cela cesse : il trouverait un moyen de la rejeter loin de son bureau, de son laboratoire et de sa vie. Une sonnerie vieillotte raisonna dans son esprit. Il activa l’implant d’une pensée.

« Monsieur Gize, vous avez un message… Veuillez indiquer votre choix… Si vous voulez entendre votre correspondant, dîtes… »

« Ecoutez ! »

« Vous avez demandé l’écoute du message… Veuillez patienter… » reprit la voix morne et féminine.

En voilà une autre, qu’il souhaiterait bouter hors de son existence !

« Monsieur Gize, c’est Catherine à l’appareil ! Je voulais vous transmettre le rapport de Hens, votre collègue, sur la théorie des champs quantiques parallèles présent dans l’éther, mais nous ne nous sommes pas croisés hier soir. Alors, je me suis permis d’éplucher le dossier… 

« Maudite femme ! Curieuse folle à lier ! Infâme voleuse de données ! Ah, que tombe le châtiment ! » s’exclama Enal avant de se reprendre.

« …Le plus important, j’ai découvert que cette théorie est entièrement fausse : l’éther est une chaîne de trois quantiques imbriqués les uns dans les autres, un peu comme l’ADN humain, vous voyez ? Suis-je bête vous êtes Enal Gize, bien sûr que vous voyez ! »

Un rire aigrelet retentit. Enal eut envie de supprimer le message, mais elle avait attiré son attention ; trois quantiques, une seule molécule ?

« Bien sûr, je peux me tromper… Euh… vous voudriez bien passer me voir pour qu’on en discute… Ou alors, je viendrai… ou nous nous verrons au bureau. Oubliez ce que je viens de dire, à plus tard ! »

Catherine n’avait pas d’inquiétudes à avoir, Enal avait déjà oublié la fin du message et songeait à cette réflexion saugrenue selon laquelle l’éther serait un mélange de trois quantiques, en un.

« Trois échelons inférieurs dans un échelon supérieur. » songea-t-il, fasciné malgré lui par l’idée.

Après tout, il était l’inventeur de l’éthérium, et peu de chose le surprenait.

Non Héros - science-fantasy
G.N.Paradis - inconnu

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